Le 31 mai 2008
Chers amis, je suis en colère. Pour une fois, sortons de la cour d’AED, prenons la ville de Bobo dans son ensemble. Eloignons-nous encore et considérons tout le pays. En prenant encore plus de recul, voici l’Afrique et, tout autour, on devine la Terre entière. Nous ici, eux là. Tout près. Retour à Bobo où le riz, le maïs et le mil ont augmenté de 50% en quelques mois au prix de gros et de 100% au prix de détail. Retour dans la cour d’AED : les enfants que vous soutenez par vos dons et la confiance que vous faites à notre équipe, ces enfants ont faim ! Ils deviennent presque privilégiés par rapport aux autres, puisque certains d’entre eux bénéficient des vivres du Programme Alimentaire Mondial par notre intermédiaire, quoique ces rations diminueront aussi avec la hausse des prix. Mais les autres enfants? Si les familles n’arrivent pas à boucler le budget mensuel alimentaire, elles n’auront certainement pas de quoi payer les frais de scolarité l’an prochain et les enfants seront chassés des écoles. Il est d’autant plus inacceptable que les gens n'aient pas à manger, que ce pays a une vocation agricole. Les émeutes de février, les grèves de mai, le concert de casseroles vides à Ouaga semblent lointains vus d’Europe, mais ils sont tout proches. Dans une perspective globale, on se rend compte que : 1. Dans le passé, les cultures agricoles pour la consommation locale n’ont pas été encouragées (voire découragées), 2. De plus en plus de terres agricoles sont consacrées aux carburants végétaux, au détriment des céréales, et 3. Les investissements et spéculations se sont tournés vers les matières premières agricoles, avec un cynisme révoltant. Voici qui relève de notre responsabilité ! Notre consommation, nos investissements ont comme conséquence directe le niveau de bien ou de mal-être d’autres peuples qui tentent vaille que vaille de s’en sortir. Refuser d’investir dans ce qui appauvrit doublement les pays comme le Burkina Faso, c’est directement soutenir leurs populations. L’école est payante au Burkina. Pour nous, les sommes demandées semblent dérisoires. Mais, je le répète, une famille qui n’a pas de quoi se nourrir ne peut envoyer ses enfants à l’école et, si les enfants ne sont pas scolarisés, le futur est sombre. Les chiffres de la Banque Mondiale sont éloquents : en 2050, il y aura quatre milliards de jeunes (moins de 24 ans) sur Terre. La moitié, c’est-à-dire deux milliards de jeunes, seront… africains (Source IDAY). Comment le continent s’en sortira-t-il s’ils ne vont pas à l’école ? Merci de nous aider, encore et toujours merci pour vos dons en nature, en argent, en temps. Et, je vous en prie, pensez aux conséquences de vos choix avant d’investir et de consommer. Il n’y a rien de changé au niveau fiscal : AED est une association burkinabé, et ne peut délivrer d’attestation. La moitié de ce que vous pensiez nous offrir sera déjà d’un grand soutien. Encore merci. Pour l’équipe d’AED, Sylvie André-Dumont
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AuteurSylvie André-Dumont est commissaire aux comptes de l'Association Espoir pour Demain, ainsi que Présidente d'AED-Belgique. Archives
Mars 2018
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